Le père d’Ali et de
Fatima est jardinier.
Aujourd’hui, il arrache des plants de salades et de poireaux pour les repiquer ; ses enfants
le regardent travailler.
‘’ Papa, demande Ali, veux-tu
ne donner un coin de ton jardin, s’il te plaît ? Nous le cultiverons comme
toi.
_ Bon, dit le père ; je
vous donne un petit carré entre l’oranger et le citronnier. Voici quelques
plants et quelques graines. Allez, et amusez-vous bien’’.
Fatima arrache les mauvaises
herbes ; Ali pioche le carré avec une vieille corne de mouton ; il
répond un peu de fumier,puis l’enterre en piochant une autre fois.
‘’ Que vas-tu semer,
maintenant ? demande sa sœur.
_ Des carottes, des navets,
des haricots, des pois….
_ N’oublie pas de semer des
pastèques, parce que les pastèques, c’est bon !’’
Ali tire une poignée de
graines de sa poche et les lance en pluie sur son carré ; puis il passe le
râteau pour les recouvrir.
‘’ Nous n’avons pas
d’arrosoir, dit Fatima ; mais j’ais trouvé une vieille boîte percée ;
je vais la remplir au bassin.’’
Elle revient en bouchant le
trou de la boîte avec son doigt, puis elle laisse couler l’eau, qui dessine de
grands 8 sur le petit jardin.
Chaque jour, Ali et Fatima se
penchent sur leurs semis.
‘’ Ça ne pousse pas vite, dit
Ali, en grattant la croûte de terre avec son ongle.
_ Tu n’as pas assez fumé
notre jardin, ajoute Fatima.
_ Non, c’est toi qui ne l’a
pas assez arrosé ; va remplir ta boîte.’’
Enfin, ce matin, Fatima
appelle son frère à grands cris :
‘’ Viens vite ! Viens
vite !’’
De toutes petites pointes
soulèvent la croûte du sol, qui se tache de vert, çà et là.
‘’ Les voilà sortis, nos pois
et nos haricots, dit Ali. Demain ils auront des feuilles, et après-demain ils
seront en fleur.
_ J’en ferai un joli bouquet,
dit sa sœur.
_ Ah, non ! les fleurs
deviendront des pois et des haricots ; nous les cuillerons quand ils
seront bons à manger, et nous en vendrons plus de dix kilos au marché.
_ Avec l’argent, j’achèterai
une robe de soie pour ma poupée.
_ Et moi, une bicyclette
neuve.
_ Et si les voleurs emportent
notre récolte ?
_ Non ; nous allons
planter une haie de cactus autour de notre carré ; elle les empêchera de
passer’’
Le lendemain, quand les deux
enfants reviennent au jardin, ils sont salués par joyeux’’ Hi Han ! hi
han !’’ et que voient-ils ? L’âne de leur père, les quatre pattes en
l’air, se roule sur les tendres pousses, à droite, à gauche ; à droite, à
gauche !
‘’ Va-t’en au diable, maudit
bourricot ! crie Ali en le chassant à coups de bâton. Quel malheur !
Tout est piétiné, écrasé ; plus de haricots, plus de pois ; adieu,
récolte, adieu, robe de soie, adieu, bicyclette !’’
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