lundi 30 avril 2012

La mort de la panthère




      Wonda, un jeune Berbère, va attaquer la panthère qui rôde autour de son village.

       Wonda huma le matin plein de senteurs de thym, de menthe sauvage, de feuilles fraîches. Il allait, à longs pas, écrasant du talon la terre en friche…
      Brusquement, une tache bondit devant lui à portée de pierre. En bas, un pâtre hurla de terreur et s’enfuit. Un remue-ménage se fit parmi les moutons qui broutaient dans les diss. Un bélier, le front bas, écorcha le sol de son sabot pointu et fit face.
    Wonda, un petit pincement au cœur, suivit du regard la tache qui progressait par sauts, comme une balle de caoutchouc. La panthère. C’était elle. Il sauta, lui aussi, et fut aussitôt entre les touffes d’où le fauve était sorti. Il rejeta son burnous… Et, campé sur ses jambes, la main crispée sur sa matraque, il attendit…
     La panthère avait abattu le bélier d’un coup de griffe, tandis que les brebis, affolées, s’éparpillaient. Un agneau, inquiet sur ses hautes pattes à peine ébauchées, bêla, appelant sa mère… Il se cassa, disparut sous une masse brune. La formidable mâchoire du félin claqua sur le dos fragile de l’enfant-bête.
     L’agneau dans la gueule, le fauve regagnait les fourrés d’un petit galop souple et mou, quand Wonda surgit, face à lui. Il s’arrêta net la tête haute, magnifique, sans lâcher sa proie, ses yeux de lune fixés sur l’homme. Du sang filait de ses babines. Lentement la mâchoire se desserra : le petit cadavre tomba entre les antérieurs épais et légèrement arqués… Le fauve bâilla de colère, découvrant le jaune de ses crocs acérés. Le Berbère, hypnotisé par la terrible tête aux yeux d’or-vert, se reprit à temps. La panthère chargeait, avec, dans la gorge, le plein roulement de la fureur.
    Ce qui suivit fut rapide, bref, comme autant d’éclairs dans la tempête. Wonda se jeta de côté frappant en même temps… L’homme et la bête s’observèrent quelques fractions de seconde et le combat reprit, fait des bondissements du félin, de ses rauquements et des sauts de côté du montagnard. Un instant, Wonda, courbé, entrevit presque au dessus de lui, un ventre blanc. Son arme plongea jusqu’à la garde.
     Le Berbère haletait, couvert de sueur et de sang. Il agissait sans penser, les yeux exorbités… Seule, la gueule monstrueuse lui faisait peur. Comme la panthère rampait, étirée sur le sol, les babines retroussées, il se baissa, vif, cueillit son large burnous et, du même geste le lança sur la bête. Surprise, aveuglée, celle-ci fit un bond vertigineux. Et de nouveau, Wonda frappa. Le poignard resta planté dans la gorge du grand chat, qui se mit à sauter en rond, sur place, se dressant parfois debout, de toute sa taille… Alors, il l’acheva à grands coups de bâton qui sonnaient mat-mat-ma…



                                             D’ALCANTARA

Le DEPART DES HIRONDELLES




    Une après-midi de la fin de septembre, je les vis arriver en grand nombre sur la place. Il faisait beau temps et déjà les vendanges étaient commencées. Un gai soleil baignait les toits humides, et, aux deux extrémités de la rue, j’apercevais entre nos logis les coteaux aux pentes drapées de vignes. De toutes les rues adjacentes, des hirondelles débouchaient. Elles tourbillonnaient un moment dans le ciel puis venaient se poser sur les saillies des fenêtres et les entablements des corniches. Les appuis des fenêtres furent bientôt garnis d’un long cordon de têtes noires qui dodelinaient doucement avec de légers gazouillements mélodieux.
 
    De temps en temps, une hirondelle se détachait de la file et à tire d’aile parcourait le front, comme pour examiner si tout était en ordre et si la troupe était au complet.

Non. Pas encore…

    A chaque instant des retardataires arrivaient en hâte, ils étaient accueillis par les cris animés et impatients du gros de la bande, puis toujours avec un peu de tumulte, on se serrait pour leur faire place.

     Peu à peu, il y eut un grand silence, un silence quasi solennel. Le soleil, plus bas, jetait déjà d’obliques rayons dans la rue et l’ombre des coteaux s’allongeait sur la ville.

    Tout à coup, d’une seule envolée, la troupe des hirondelles s’éleva en l’air avec un confus frémissement d’ailes agitées. Pendant un moment, le ciel fut obscurcies par ce noir bataillon qui planait au-dessus de la place, puis les hirondelles, se formant en une longue file tourbillonnante, prirent leur vol vers le sud et disparurent dans les vapeurs qui estompaient l’horizon.
     Quand mes yeux s’abaissèrent vers le sol, la ville entière me sembla morne et dépeuplée, et je restai longtemps immobile à la fenêtre, pris de ce sentiment d’isolement et de tristesse qui suit les grands départs.



                    A.THEURIET

عصفور طل من الشباك

La rentrée du troupeau



       Il faut vous dire qu’en Provence, c’est l’usage, quand viennent les chaleurs, d’envoyer le bétail dans les Alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, logés à la belle étoile, dans l’herbe jusqu’au ventre. Puis au premier frisson de l’automne, on redescend au mas, et l’on revient brouter bourgeoisement les petites collines grises que parfume le romarin… Donc hier soir, les troupeaux rentraient.
      Depuis le matin, le portail attendait ouvert à deux battants, les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D’heure en heure, on se disait : « Maintenant, ils sont à Eyguières, maintenant au Parados ! » Puis, tout à coup, vers le soir, un grand cri : « Les voilà ! » Et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s’avancer, dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui… Les vieux béliers viennent d’abord, la corne en avant, l’air sauvage, derrière eux, le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes, les mules à pompons rouges, portant dans des paniers les agnelets d’un jour, qu’elles bercent en marchant, puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu’à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons…

     Tout cela défile joyeusement et s’engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d’averse… Il faut voir quel émoi dans la maison ! Du haut de leur perchoir, les gros paons vert et or, à crête de tulle ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Le poulailler qui s’endormait se réveille en sursaut, tout le monde est sur pied, pigeons, canards, dindons, pintades. La basse-cour est comme folle…

     On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum d’alpe sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser…

     Les vieux béliers s’attendrissent en revoyant leur crèche. Les agneaux, les tout petits, ceux qui sont nés dans le voyage et n’ont jamais vu la ferme, regardent autour d’eux avec étonnement. Mais le plus touchant encore, ce sont les chiens, ces braves de berger, tout affairés après leurs bêtes et ne voyant qu’elles dans le mas. Le chien de garde a beau les appeler du fond de sa niche, le seau du puits, tout plein d’eau fraîche, a beau leur faire signe : ils ne veulent rien voir, rien entendre avant que le bétail soit rentré, le gros loquet poussé sur la petite porte à claire-voie, et les bergers attablés dans la salle basse. Alors seulement, ils consentent à gagner le chenil, et là, tout en lapant leur écuellée de soupe, ils racontent à leurs camarades de la ferme ce qu’ils ont fait là-haut, dans la montagne…



                               ALPHONSE DAUDET

L’AUTOMNE EN ALGERIE




     Jamais les compagnes voisines de la mer n’avaient été si gracieuses qu’en ce commencement d’automne. Des ondées légères avaient rafraîchi les plantes brûlées par l’été torride. Tout un printemps hâtif s’épandait sur les collines, ruisselait dans les plaines. Une sève regorgeant gonflait les lourdes feuilles des cactus, imbibées comme des éponges et pesantes comme des disques. Les vignes vendangées se paraient de jeunes pampres et le vert laiteux des nouvelles pousses se mêlait aux ors des feuilles mortes.
     Dans les jardins de la villa, c’était un réveil de toutes les fleurs accablés par le hâle des longs mois caniculaires. Les géraniums arborescents cachaient les ventres des amphores, les volubilis se nouaient aux membres mutilés des statues. Les roses ivres de soleil débordaient dans les allées, effaçaient les plates-bandes. Le parc n’était plus qu’un grand champ de roses, ou se fondaient toutes les teintes purpurines, depuis le pâle incarnat des églantiers sauvages jusqu’au rouge sombre des roses de Bengale qui éclataient comme une pluie de sang sous la noire verdure des pins.

    On eût dit que le ciel lui-même se faisait plus limpide et plus souriant…

     L’horizon de la mer était délivré des lourdes vapeurs qui, durant les matins, pesaient sur les eaux comme la buée d’une chaudière. Un air plus subtil baignait les collines du Sahel et par delà les montagnes lointaines, l’espace était d’un bleu de turquoise, ou se traînaient de molles nuées blanches…

      L’air était d’une douceur merveilleuse. Le soleil déclinant embrassait les cimes du Zaccar. Toute la campagne baignait dans une lumière d’ambre qui faisait resplendir les flancs des maigres collines. A travers l’atmosphère extraordinairement pure, les branches déliées des pins en parasol, les feuillages métalliques des oliviers se découpaient avec une grâce précise au-dessus de la terre ocreuse et crevassée…



                                                        LUIS BERTRAND   

PREMIER PLUIES




      Les vapeurs qui s’étendaient sur le ciel, comme le tfina de mousseline dont la transparence atténue l’éclat d’un caftan, se sont accumulées, cette nuit, et deviennent d’épaisses nuées menaçantes.
      Elles accourent de l’ouest, se poursuivent, se bousculent, se confondent… Plus haute et subitement hostile, la chaîne du Zerhoun barre l’horizon d’un rempart indigo foncé…
     Quelques gouttes s’écrasent lentement dans la poussière en y traçant des étoiles… Leur rythme d’accentue, se précipite, et Meknès disparait sous le voile rayé de la pluie.
      Elle tombe ! Elle tombe ! Impétueuse, irrésistible, dévastatrice. On dirait qu’elle veut se venger de son long exil. Elle tombe avec rage, avec férocité. Elle noie les demeures, transperce les murs, flagelle les arbres et les plantes. La rue tout entière est un torrent qui dégringole ; certains patios en contre bas de la chaussée se remplissent d’eau…
    Sa première fureur passée, la pluie se fait régulière et monotone, elle s’installe…
    Les rues s’emplissent de boue. Il y a des flaques profondes ou l’on s’enlise, des pentes que l’on ne saurait gravier sans glisser, des ruisseaux gluants, épais et bruns…
     Au pas de sa mule, un notable éclabousse les murs et les passants. Des négrillons barbotent avec ivresse, maculant leur peau de taches blanchâtres.
     Les Marocains ont chaussé de hautes socques en bois qui pointent à l’avant du pied. Enveloppés de leur burnous de drap sombre, aux capuchons dressés, ils ne s’abordent qu’avec des airs réjouis et ils se congratulent comme pour une fête :
_ L’orge ainsi que le poisson aime l’eau…
_ Louange à Dieu qui nous accorde la pluie !
_ Bénie soit-elle ! Les récoltes seront heureuses…
     Le jour oscille et s’abîme dans la nuit. Une nuit mate, épaisse, absolue… Aucune lueur ne descend du ciel, ces ténèbres n’ont pas d’étoiles, seules, des lanternes errantes éclairent le sol de reflets en zigzag.

                                                                   A.  R. DE LENS

عصفور طل من الشباك

A l’école voici un siècle




     C’était une salle unique, éclairée par des fenêtres à petits carreaux, que je n’ai jamais vues ouvertes. Point de plancher ni de carrelage ; nos sabots frottaient la terre nue. Des bancs, mais point de tables. Nous écrivons sur des planches de chêne, percés en haut par un petit trou ou passait une ficelle qui les suspendait, la classe finie, à des clous piqués dans le mur. Ma planche, que je regrette bien d’avoir perdue, avait servi à mon père et à ma grand-mère dans cette même école ou nous fûmes tous les trois élèves du même maître, le père Matton, _ nô maître.

     Il était bien vieux, nô maître, lorsque je devins son élève en 1847 ou 1848, je ne sais pas au juste. Sous son bonnet de soie noire, de la chair grise pendait par petits paquets. Il était habile à tailler les plumes d’oie dont nous nous servions, car l’usage des plumes métalliques commençait à peine à se répandre dans les campagnes. Ceux de nous qui possédaient une « plume d’acier » en humiliaient les camarades.

    Longuement, nous écrivons des pages, nous ânonnions des lectures et la table de multiplication, et c’était tout. Nô maître avait des raisons trop bonnes de ne pas duretés : des coups de baguette sur les doigts joints ensemble, ou des séances à genoux, la main droite levée soutenant une brique.

    Mais nous connaissions de bons moments : le père matton, chantre au lutrin, nous quittait quand il y avait messe de mariage ou de mort, et tous les samedis après-midi, _ car on chantait alors les vêpres du samedi. Son chant d’octogénaire semblait l’aboiement, péniblement déclenché, d’un chien très vieux. En son absence, sa fille, mademoiselle Adèle, venait s’asseoir dans la classe, ou elle épluchait sa salade. Elle nous surveillait de l’œil. C’est bien le cas de le dire, car elle n’en avait qu’un. Pour nous faire tenir tranquilles, elle promettait aux plus sages des «  tu-rons », comme on appelle ici la tige des feuilles de salade. Ces turons de mademoiselle Adèle furent les premières récompenses scolaires qui je reçus.

                



                                                           ERNEST LAVISSE

dimanche 29 avril 2012

Potage ECOSSAIS



    Pour 6 personnes, il faut les abattis de 2 volailles 

_ 2 oignons émincés  
_ 2 foies de volailles sautés au beurre  
_ 2 jaunes d’œufs  
_ un petit pot de crème fraîche  
_ 25g de beurre _ 1 litre ½ d’eau

    Faites revenir au beurre chaud les abattis avec les oignons émincés. Lorsqu’ils sont légèrement dorés, flambez au ouille. Ajoutez l’eau, sel, poivre, fermez l’appareil. Faites partir à bon feu. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme. Laissez cuire 15 minutes. Dans le gobelet du mixer plongeant, mettez les foies, la crème, les jaunes d’œufs, un verre de bouillon. Pulvérisez, ajoutez au potage. Servez avec des croûtons frits ou quelques cuillerées de riz cuit à blanc.

Soupe au chou



Pour 6 personnes il faut : 
        
_un chou frisé  
_ 300g de grosses pommes de terre  
_ 250g de lard salé (dessalé à l’eau froide, si besoin)  
_ poivre  
_ un saucisson à cuire piqué avec une fourchette pour éviter qu’il n’éclate  
_ un verre de lait  
_ 1 litre ¼ d’eau.

Ébouillantez 5 minutes le chou coupé en quartiers, mettez dans la cocotte le lard coupé en tranches, le chou, les pommes de terre entières, le saucisson, l’eau. Poivrez, fermez l’appareil, faites partir à feu vif. Au premier jet de vapeur, réduisez la flamme. Laissez cuire 20 minutes. Avant de servir, ajoutez le lait ou de la crème. Accompagnez de pain de campagne rassis.

Soupe de GUERANDE



 Pour 6 personnes il faut :

_ 250g de carottes  
_ 3 poireaux  
_ 2 oignons  
_ un navet  
_ un cœur de chou pommé  
_ une poignée de haricots blancs frais  
_ 500g de pommes de terre  
_ sel, poivre  
_ 25 g de beurre  
_ un verre de lait.

Faites revenir au beurre chaud les légumes coupés en morceaux, sans qu’ils prennent couleur. Couvrez d’un litre et demi d’eau, ajoutez sel et poivre, les haricots. Fermez la cocotte, faites partir à bon feu. Au premier jet de vapeur, réduisez la flamme, laissez cuire 10 minutes. Servez tel avec le lait frais ou passez au mixer plongeant.

Soupe aux pois à l’ancienne



Pour 6 personnes il faut 
 
_ une grosse tranche de jambon cru, coupée en cubes  
_ 250g de lard fumé  
_ 300g de pois cassés (inutile de les faire tremper)  
_ un oignon haché  
_ 2 poireaux  
_ 25g de beurre  
_ une cuillerée à soupe de persil haché  
_ une pointe de couteau de sarriette  
_ une cuillerée à café de basilic et de marjolaine  
_ un petit pot de crème fraîche.

Mettez les pois dans un litre et demi d’eau froide. Faites bouillir à feu vif, fermez la cocotte. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme. Laissez cuire 10 minutes. Passez au mixer. Faites revenir au beurre le lard et le jambon. Les légumes hachés, les ajouter au potage, refermez l’appareil, et compter 10 minutes de cuisson à partir du premier jet de vapeur, en baissant le plus possible l’allure du brûleur. Ajoutez crème, basilic et marjolaine avant de servir.

Soupe aux lardons de BRETAGNE



Pour 6 personnes il faut :
 
 _ 300g de poitrine demi-sel coupée en morceaux, dessalée à l’eau froide, puis pochée 10 minutes  
 _ 150g de navets 
 _ 250g de carottes  
 _ 3 ou 4 poireaux  
 _ une poignée de choux verts  
 _ 30g de beurre  
 _ 1 litre ½ d’eau  
 _ poivre.

Coupez les légumes en gros morceaux. Faites-les revenir au beurre chaud avec la poitrine. Couvrez d’eau bouillante. Ajoutez le poivre. Fermez l’appareil. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme et laissez cuire 15 minutes. En fin de cuisson, goûtez et rectifiez l’assaisonnement.

Soupe a l’oignon



Pour 6 personnes il faut :

 _ 250g d’oignons hachées  
_ 50g de beurre  
_ une cuillerée à café de farine  
_ une pincée de sucre  
_ sel et poivre  
_ 1 litre ½  d’eau ou de bouillon  
_ 100g de gruyère râpé  
_ pain de campagne grillé.

Faite dorer les oignons au beurre chaud. Saupoudrez de farine, laissez roussir en tournant, ajoutez l’eau, sel, sucre, poivre, fermez la cocotte. Faites partir à bon feu. Au premier jet de vapeur baissez la flamme, laissez cuire 5 minutes.
Dans un grand poêlon ou une soupière, mettez le pain grillé, versez le potage. Saupoudrez de gruyère râpé. Faites gratiner au four.

 Variantes

A la bordelaise : remplacez le beurre par de la graisse d’oie. Liez au moment de servir avec 2 jaunes d’œufs.

A la bretonne : remplacez la moitié du liquide par du lait pasteurisé.

Le borchtch


 
Pour 6 personnes il faut :
_ 1 kg de plat de côte de bœuf  
_ 125g de lard de poitrine fumé  
_ 250g de carottes  
_ 2 ou 3 navets  
_ 500g de poireaux  
_ un chou pommé  
_ 250g de betterave rouge (cuite au four)  
_ un petit pot de crème épaisse  
_ une cuillerée à soupe de vinaigre  
_ sel, poivre  
_ 2litre d’eau.

Faites bouillir l’eau dans la cocotte. Mettez-y la viande et tous les légumes (sauf la betterave), grossièrement hachés, sel et poivre. Faites partir à bon feu. Au premier et de vapeur, réduisez la flamme, laissez cuire 25 minutes. Au moment de servir, ajoutez le vinaigre, la betterave hachée. Donnez un bouillon (cocotte ouverte). Servez la crème à part dans un bol.

Soupe de poissons des corsaires



Pour 6 personnes il faut :
_ 2 rougets barbets  
_ 2 mulets  
_ 3 limandes 
 _ Quelques plies (ou carrelets)  
_ 2 oignons _ 2 gousses d’ail  
_ un bouquet de persil  
_ 250g de carottes coupées à la râpe coupe rondelles  
_ sel, poivre  
_ 1 litre de cidre  
_ 1 demi-litre d’eau  
_ un verre d’eau-de-vie de cidre  
_ 50g de crème.

Faites bouillir le cidre et l’eau avec l’ail, les oignons, les carottes, le persil. Ajoutez les poissons, l’eau-de-vie, sel et poivre. Fermez la cocotte. Faites repartir à grand feu. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme, laissez cuire 15 minutes. Passez au Moulin légumes et au tamis ou au mixer en utilisant le gobelet et le filtre.
Liez avec la crème et servez avec des croûtons frits.

Crème de champignons



Pour 6 personnes il faut :
_ 500g de champignons de paris coupés en lamelles  
_ un oignon et une échalote hachés  
_ une cuillerée à soupe de farine  
_ 50g de beurre  
_ sel, poivre  
_ une pointe de muscade  
_ 1 litre ½  d’eau  
_ un verre de porto  
_ 2 jaunes d’œufs  
_ un petit pot de crème fraîche  
_ une grosse poignée d’herbes fraîches : estragon, persil, cerfeuil.

Dans le beurre chaud, mettez les champignons avec sel et poivre, oignon, échalote. Quand ils ont perdu leur eau et commencé à dorer, saupoudrez de farine, tournez, laissez mousser légèrement, versez l’eau et le porto. Fermez la cocotte, faites partir à feu vif. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme. Laissez cuire 4 minutes. Au moment de servir, délayez œufs et crème avec un peu de bouillon chaud. Ajoutez les herbes. Passez au mixer plongeant.

Crème au chou-fleur


Pour 6 personnes il faut :

 _ un chou-fleur moyen 
 _ une demi-botte de cresson 
 _ 2 ou 3 pommes de terre
 _ 25g de beurre
 _ un cuillère à soupe de farine  
 _ 1 litre ½ d’eau  
 _ sel _ poivre  
 _ un petit pot de crème fraîche 
 _ une cuillère à soupe de cerfeuil haché ou de persil.

 Dans la cocotte, faites chauffer le beurre, ajoutez la farine. Tournez à la cuillère de bois jusqu’à ce que le mélange mousse. Mouillez avec un demi litre d’eau. Laissez épaissir, ajoutez le reste liquide, sel, poivre et tous les légumes en petits morceaux. Fermez l’appareil. Faites partir à bon feu. Au premier jet de vapeur, baissez la flamme.
Laissez cuire 4 minutes. Au moment de servir, ajoutez les herbes. Passez au mixer plongeant. Liez avec la crème, servez avec des croûtons frits.

Les potages:Conseils et principes de cuisson



Le contenu de la cocotte ne doit pas dépasser le niveau des rivets les plus bas des poignées. Si vous craignez que le bouillon ne soit trop concentré, ajoutez de l’eau, la cuisson terminée, avant de servir.

Bouillons et soupe de légumes

- si vous désirez que les légumes communiquent au bouillon le maximum de leur valeur nutritive, mettez-les dans l’eau froide salée, vous obtiendrez un bouillon très concentré que vous devrez allonger d’un peu d’eau avant de le consommer.
Ne fermez la cocotte que lorsque l’eau bout au premier jet de vapeur, provenant de la soupape, net et prolongé, réduisez le plus possible l’allure, en changeant de brûleur au besoin, pour plus de facilité. A partir de ce moment comptez le temps de cuisson.
-         les temps de cuisson varient de 5 mn (potage à la tomate) à une heure (pot-au-feu). Reportez-vous aux temps de cuisson des légumes.
-         Si les légumes composant un potage, nécessitent un temps de cuisson différent, coupez les légumes demandant le temps de cuisson le plus long en morceaux plus petits que les légumes vite cuits.
-         Les légumes à saveur un peu âpre (chou, épinards, chou-fleur) sont plus savoureux et plus digestibles s’ils ont été blanchis, c’est-à-dire cuits à l’eau bouillante une première fois pendant 5 minutes, puis égouttés et plongés dans une autre eau bouillante salée pendant la durée de la cuisson réelle.
-         Coupez les légumes en petits morceaux si vous devez passer le potage au mixer, le temps de cuisson s’en trouvera très réduit et vous aurez épargné le maximum des vitamines contenues dans les légumes.

Bouillon de viandes

-         si la recette du potage comporte une cuisson de viande (potée) il est préférable de commencer la cuisson avec la viande, puis 10 à 15 minutes avant la fin normale de la cuisson, retirez du feu, soulevez la soupape, évacuez la vapeur, ouvrez la cocotte, mettez-y les légumes, refermez et opérez comme si vous faisiez une nouvelle cuisson.
-         Une formation d’écume peut se produire lors de la cuisson à  l’eau d’une viande, écumez avant de fermer la cocotte.
-         Si vous désirez que les légumes conservent leur saveur pour pouvoir être consommés en accompagnement d’une viande (pot-au-feu) ou passés au mixer plongeant, vous les mettrez à l’eau bouillante salée.

Variantes

-         Si, astucieusement, vous utilisez l’eau de cuisson des légumes cuits dans la cocotte, pour faire un potage, allongez-le d’eau, sinon le goût en serait trop prononcé.
Ensuite vous pouvez, soit faire un roux (une cuillère à soupe de farine, soit une beurre fondu) et le mouiller avec l’eau de cuisson, soit ajouter à cette eau une tomate ou un navet ou rave suivant la saison, dorés dans un peu de matière grasse(fricassée).
-         Si vous voulez ajouter du vermicelle ou des pâtes à potage, la cuisson étant terminée, retirez du feu, soulevez la soupape, évacuez la vapeur, ouvrez la cocotte, introduisez les pâtes, remuez, fermez la cocotte, placez-la sur un brûleur puissant et à feu vif, au premier jet de vapeur, net et prolongé, retirez du feu et ne soulevez la soupape qu’au bout de 2 minutes d’attente pour du vermicelle fin ou des petites pâtes, et 3 minutes pour de gros vermicelle.

Le petit chat


C’est un petit chat noir, effronté comme un page
Je le laisse jouer sur ma table, souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de sa toison ne bouge.
Longtemps il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces matous, tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d’abord, de son nez délicat il le faire,
Les frôle, puis à coups de langue très petits,
Il le lampe, et dès lors, il est à son affaire,
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue, et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors, il se pourlèche un moment les moustaches
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini ;
Et, comme il s’aperçoit qu’il s’est ait quelques taches,
Il relustre avec soin son pelage terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates,
Il le ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon,
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refit.

Mais dès que je lui dit : il faut que je travaille
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant !
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.

                               EDMOND ROSTAND

Enfants, aimez les champs…



Enfants ! Aimez les champs, les vallons, les fontaines,
Les chemins que le soir emplit de voix lointaines,
Et l’onde et le sillon, flanc jamais assoupi
Où germe la pensée à côté de l’épi.
Prenez-vous par la main et marchez dans les herbes,
Regardez ceux qui vont liant les blondes gerbes,
Épelez dans le ciel plein de lettres de feu,
Et, quand un oiseau chante, écoutez parler Dieu.
La vie avec le choc des passions contraires
Vous attend, soyez bons, soyez vrais, soyez frères….


                                  VICTOR HUGO

Le Gué



Ils tombent épuisés, la bataille était rude,
Près d’un fleuve au hasard, sur le dos, sur le flanc,
Ils gisent engourdis par tant de lassitude
Qu’ils sont bien, dans la boue et dans leur propre sang.

Leurs grandes faux sont là, luisantes d’un feu rouge
En plein midi. Le chef est un vieux paysan,
Il veille. Or il croit voir un pli du sol qui bouge…
Les Russes ! Il tressaille et crie : « Allez-vous en ! »

Il les pousse du pied : « HO ! Mes fils, qu’on se lève ! »
Et chacun, se dressant d’un effort fatigué,
Le corps plein de sommeil et l’esprit plein de rêve,
Tâte l’onde et s’y traîne à la faveur d’un gué.

De peur que derrière eux leur trace découverte
N’indique le passage au bourreau qui les suit,
Et qu’ainsi leur salut ne devienne leur perte,
Ils souffrent sans gémir, et se hâtent sans bruit.

Hélas ! Plus d’un s’affaisse et roule à la dérive,
Mais tous, même les morts, ont fui jusqu’au dernier.
Le chef, demeuré seul, songe à quitter la rive.
C’est trop tard ! Une main le retient prisonnier.

«Vieux ! Sais-tu si le fleuve est guéable ou nous sommes ?
Misérable, réponds ; vivre ou mourir, choisi.
_ Il a bien douze pieds _ Voyons », dirent ces hommes,
En le poussant à l’eau sous l’œil noir des fusils.

L’eau ne lui va qu’aux reins, tant la terre est voisine,
Mais il se baisse un peu sous l’onde à chaque pas,
Il plonge lentement jusques à la poitrine,
Car les pâles blessés vont lentement là-bas…

La bouche close, il sent monter à son oreille
Un lugubre murmure, un murmure de flux,
Le front blanc d’une écume à ces cheveux pareils,
Il est sur ses genoux. Rien ne surnage plus.

Du reste de son souffle, il vit une seconde,
Et les fusils couchés se sont relevés droits ;
Alors, ô foi sublime ! Un bras qui sort de l’onde
Ébauche dans l’air vide un grand signe e croix.

J’admirais le soldat qui dans la mort s’élance
Fier, debout, plein du bruit des clairons éclatants !
De quelle race es-tu ? Toi qui, seul, en silence,
Te baisses pour mourir et sais mourir longtemps !

                                       SULLY PRUDHOMME

إذا صرخ العالم في وجهك قائلين مستحيل ..لا تيأس


كانت مدرسة البلدة الصغيرة يتم تدفئتها باستخدام موقد صغير يعتمد على حرق الفحم وكان هناك صبى صغير يأتي مبكرا إلى المدرسة كل يوم لإشعال النار لتدفئة الحجرة قبل وصول المعلم وزملائه
وذات صباح وصلوا إلى المدرسة ليجدوها تحترق فقاموا بسحب الصغير فاقدا للوعي وقد أصيب بحروق شديدة في نصف جسده السفلى فقاموا باصطحابه إلى المستشفى
وبينما هو راقد على السرير مصابٌ بحروق شديدة وفي نصف وعيه سمع الصبي الصغير الطبيب وهو يقول لأمه أن طفلها ميت لا محالة.. وهو الأفضل بالنسبة له فقد شوهت النار الجزء الأسفل من جسده
ولكن الصبي لم يكن يريد أن يموت وصمم على النجاة وبطريقة ما أذهلت الطبيب تمكن من النجاة
وعندما زال الخطر المميت
سمع الطبيب ووالدته يتحدثان بصوت منخفض حيث قال لها الطبيب: إن الموت أفضل بالنسبة له. حيث دمرت النار اللحم الموجود في الجزء الأسفل من جسده وإنه سيقضى بقيه حياته معاقا وغير قادر على تحريك أطرافه
ومرة أخرى صمم الصغير على أنه لن يكون معاقا أبدا ولسوف يمشى ولكن لسوء الحظ لم تكن هناك أي قوة دافعة لتحريك نصفه السفلى فقدماه النحيلتان موجودتان ولكن بلا حياة وأخيرا خرج من المستشفى وكانت والدته تقوم بتدليك رجليه كل يوم ولكن لم يكن بهما أي إحساس أو تحكم لكن تصميمه على المشي كان أقوى من ذي قبل فعندما لا يكون على السرير كان يجلس على كرسي متحرك ..وفى أحد الأيام المشرقة دفعته أمه إلى ساحة المنزل ليستنشق بعض الهواء المنعش وبدلاً من الجلوس على المقعد المتحرك ألقى بنفسه على الأرض وأخذ يسحب جسده على الحشائش جاراً رجليه خلفه.

وظل كذلك حتى وصل إلى السور الذي يحيط بحديقتهم وبعد جهد كبير استطاع رفع نفسه على السور واستند على السور وبدأ في سحب نفسه بطول السور مقتنعا بأنه سوف يمشي وبدأ في القيام بهذا كل يوم حتى تمكن من السير بسهولة حول السور فلم يرغب الصبي الصغير في أي شيء أكثر من إعادة الحياة إلى رجليه ومن خلال التدليك اليومي وبإرادة جديدة وعزم قوي وتوكل على الله تمكن من الوقوف ثم بدأ يمشى متكئا ثم استطاع المشي بنفسه وأخيرا تمكن من الجري.
ومؤخرا وفى أحد الميادين ما زال يوجد ذلك الصغير الذي لم يكن من المتوقع أن يعيش والذي لم يكن ليمشي لكن بتصميم وعزيمة استطاع الطبيب جلين كنجهام إحراز لقب أسرع عداء في العالم.

إذا صرخ العالم في وجهك قائلين مستحيل

فتذكر دائماً أنك أنت فقط من يمكنه تحديد مصيره بعد الله عز وجل فلا تيأس

samedi 28 avril 2012

La bulle




Bathylle, dans la cour où glousse la volaille
Sur l’écuelle penchée, souffle dans une paille
L’eau savonneuse mousse et bouillonne à grand bruit
Et déborde. L’enfant qui s’épuise sans fruit
Sent venir à sa bouche une âcreté saline.
Plus heureuse, une bulle à la fin se dessine
Et, conduite avec art, s’allonge, de distend
Et s’arrondit enfin en un globe éclatant.
L’enfant souffle toujours, elle s’accroît encore
Elle a les cent couleurs du prisme et de l’aurore
Et reflète aux parois se son mince cristal
Les arbres, la maison, la route et le cheval…
Prête à se détacher, merveilleuse, elle brille !
L’enfant retient son souffle, et voici qu’elle oscille
Et monte doucement, vert pâle et rose clair
Comme un frêle prodige étincelant dans l’air
Elle monte… Et soudain, l’âme encore éblouie
Bathylle cherche en vain sa gloire évanouie…
 
                             Albert SAMAIN

Le petit palémon



Le petit Palémon, grand de huit ans à peine
Maintient en vain le bouc qui résiste et l’entraîne
Et le force à courir à travers le jardin
Et brusquement recule et s’élance soudain
Ils luttent corps à corps ; le bouc fougueux s’efforce
Mais l’enfant, qui s’arc-boute et renverse le torse
Étreint le cou rebelle entre ses petits bras
Se gare de la corne oblique, et, pas à pas
Rouge, serrant les dents, volontaire, indomptable
Ramène triomphant le bouc noir à l’étable
Et Lysidé, sa mère aux belles tresses d’or
Assise au seuil avec un bel enfant qui dort
Se réjouit à voir sa force et son adresse
L’appelle et, souriante, essuie avec tendresse
Son front tout en sueur où collent ses cheveux
Et l’orgueil maternel illumine ses yeux.

                                         ALBERT SAMAIN

Songe d’enfant



Je me souviens qu’après l’école, un jour d’été,
Dans les champs je m’assis, par un saule abrité,
Et là, sous la feuillée au soleil transparent,
Trouvant sur le foin tiède une couche odorante,
Je m’assoupis. Bientôt je sentis, en rêvant,
Comme un baiser du ciel à mon âme d’enfant.
Les insectes des prés et les blondes abeilles
Vinrent sans doute alors bruire à mes oreilles,
Les libellules d’or dont l’aile est un éclair,
Les frêles papillons qui sont des fleurs de l’air,
Vinrent d’un lac peut-être ou d’un buisson de roses
Voltiger sur ma bouche et mes paupières closes,
Sans doute quelque oiseau pour bercer mon sommeil
Chanta la liberté, l’espace et le soleil,
Et des bois d’alentour une odeur d’églantines
Vint, errante et légère, effleurer mes narines,
Dans mes cheveux peut-être un souffle ami passa,
Ma mère me sourit ou ma sœur m’embrassa,
Je ne sais, mais jamais le pinceau du mensonge
N’assembla les couleurs d’un plus aimable songe.
Je me voyais heureux : les arides leçons
Sur les lèvres du maître expiraient en chansons,
La classe étroite et sombre en jardin transformée
N’avait plus sa banquette et n’était plus fermée,
J’y respirais sans crainte et je m’y promenais
Poussant un cerceau d’or qui ne tombait jamais….
 
                               SULLY PRUDHOMME