lundi 30 avril 2012

La mort de la panthère




      Wonda, un jeune Berbère, va attaquer la panthère qui rôde autour de son village.

       Wonda huma le matin plein de senteurs de thym, de menthe sauvage, de feuilles fraîches. Il allait, à longs pas, écrasant du talon la terre en friche…
      Brusquement, une tache bondit devant lui à portée de pierre. En bas, un pâtre hurla de terreur et s’enfuit. Un remue-ménage se fit parmi les moutons qui broutaient dans les diss. Un bélier, le front bas, écorcha le sol de son sabot pointu et fit face.
    Wonda, un petit pincement au cœur, suivit du regard la tache qui progressait par sauts, comme une balle de caoutchouc. La panthère. C’était elle. Il sauta, lui aussi, et fut aussitôt entre les touffes d’où le fauve était sorti. Il rejeta son burnous… Et, campé sur ses jambes, la main crispée sur sa matraque, il attendit…
     La panthère avait abattu le bélier d’un coup de griffe, tandis que les brebis, affolées, s’éparpillaient. Un agneau, inquiet sur ses hautes pattes à peine ébauchées, bêla, appelant sa mère… Il se cassa, disparut sous une masse brune. La formidable mâchoire du félin claqua sur le dos fragile de l’enfant-bête.
     L’agneau dans la gueule, le fauve regagnait les fourrés d’un petit galop souple et mou, quand Wonda surgit, face à lui. Il s’arrêta net la tête haute, magnifique, sans lâcher sa proie, ses yeux de lune fixés sur l’homme. Du sang filait de ses babines. Lentement la mâchoire se desserra : le petit cadavre tomba entre les antérieurs épais et légèrement arqués… Le fauve bâilla de colère, découvrant le jaune de ses crocs acérés. Le Berbère, hypnotisé par la terrible tête aux yeux d’or-vert, se reprit à temps. La panthère chargeait, avec, dans la gorge, le plein roulement de la fureur.
    Ce qui suivit fut rapide, bref, comme autant d’éclairs dans la tempête. Wonda se jeta de côté frappant en même temps… L’homme et la bête s’observèrent quelques fractions de seconde et le combat reprit, fait des bondissements du félin, de ses rauquements et des sauts de côté du montagnard. Un instant, Wonda, courbé, entrevit presque au dessus de lui, un ventre blanc. Son arme plongea jusqu’à la garde.
     Le Berbère haletait, couvert de sueur et de sang. Il agissait sans penser, les yeux exorbités… Seule, la gueule monstrueuse lui faisait peur. Comme la panthère rampait, étirée sur le sol, les babines retroussées, il se baissa, vif, cueillit son large burnous et, du même geste le lança sur la bête. Surprise, aveuglée, celle-ci fit un bond vertigineux. Et de nouveau, Wonda frappa. Le poignard resta planté dans la gorge du grand chat, qui se mit à sauter en rond, sur place, se dressant parfois debout, de toute sa taille… Alors, il l’acheva à grands coups de bâton qui sonnaient mat-mat-ma…



                                             D’ALCANTARA

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire