samedi 28 avril 2012

Le petit palémon



Le petit Palémon, grand de huit ans à peine
Maintient en vain le bouc qui résiste et l’entraîne
Et le force à courir à travers le jardin
Et brusquement recule et s’élance soudain
Ils luttent corps à corps ; le bouc fougueux s’efforce
Mais l’enfant, qui s’arc-boute et renverse le torse
Étreint le cou rebelle entre ses petits bras
Se gare de la corne oblique, et, pas à pas
Rouge, serrant les dents, volontaire, indomptable
Ramène triomphant le bouc noir à l’étable
Et Lysidé, sa mère aux belles tresses d’or
Assise au seuil avec un bel enfant qui dort
Se réjouit à voir sa force et son adresse
L’appelle et, souriante, essuie avec tendresse
Son front tout en sueur où collent ses cheveux
Et l’orgueil maternel illumine ses yeux.

                                         ALBERT SAMAIN

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