samedi 28 avril 2012

Le repas préparé



Ma fille, lève-toi, dépose là ta laine.
Le maître va rentrer, sur la table de chêne
Que recouvre la nappe aux plis étincelants,
Mets la faïence claire et les verres brillants.
Dans la coupe arrondie à l’anse au col de cygne
Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne,
Les pêches qu’un velours fragile couvre encore,
Et les lourds raisins bleus mêlés aux raisins d’or.
Que le pain bien coupé remplisse les corbeilles,
Et puis ferme la porte, et chasse les abeilles,
Dehors, e soleil brûle et la muraille cuit,
Rapprochons les volets, faisons presque la nuit,
Afin qu’ainsi la salle, aux ténèbres plongée,
S’embaume toute aux fruits dont la table est chargée.
Maintenant va chercher l’eau fraîche dans la cour
Et veille que surtout la cruche, à ton retour,
Garde longtemps, glacée et lentement fondue,
Une vapeur légère à  ses flancs suspendue.

  
                  Albert Samain aux flanc du vase

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