Je me souviens qu’après l’école, un
jour d’été,
Dans les champs je m’assis, par un
saule abrité,
Et là, sous la feuillée au soleil
transparent,
Trouvant sur le foin tiède une
couche odorante,
Je m’assoupis. Bientôt je sentis, en
rêvant,
Comme un baiser du ciel à mon âme
d’enfant.
Les insectes des prés et les blondes
abeilles
Vinrent sans doute alors bruire à
mes oreilles,
Les libellules d’or dont l’aile est
un éclair,
Les frêles papillons qui sont des
fleurs de l’air,
Vinrent d’un lac peut-être ou d’un
buisson de roses
Voltiger sur ma bouche et mes
paupières closes,
Sans doute quelque oiseau pour
bercer mon sommeil
Chanta la liberté, l’espace et le
soleil,
Et des bois d’alentour une odeur
d’églantines
Vint, errante et légère, effleurer
mes narines,
Dans mes cheveux peut-être un
souffle ami passa,
Ma mère me sourit ou ma sœur
m’embrassa,
Je ne sais, mais jamais le pinceau
du mensonge
N’assembla les couleurs d’un plus
aimable songe.
Je me voyais heureux : les
arides leçons
Sur les lèvres du maître expiraient
en chansons,
La classe étroite et sombre en
jardin transformée
N’avait plus sa banquette et n’était
plus fermée,
J’y respirais sans crainte et je m’y
promenais
Poussant un cerceau d’or qui ne
tombait jamais….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire