mercredi 26 septembre 2012

Quel froid






         L’hiver est venu. Pendant la nuit la neige est descendue sur les pentes du Puyreloubes ; et ce matin, en ouvrant la fenêtre, on a vu cette nappe immatérielle posée sur les terrains, depuis le plateau jusqu’au bois de Vieilleville. Seule l’olivette, appuyée aux première falaises encore cristallines qui fondent doucement, sous le rocher. Partout ailleurs, le sol est couvert de ce tapis friable, et sensible aux moindres bosselures. Çà et là un corbeau sautille sur cette blancheur et fait un trou avec son bec.
      Le silence est extraordinaire. On entend siffler doucement le sang dans les oreilles. Un ciel cas, ouaté, étouffe les sons. Il ne neige plus, mais ce n’est qu’un répit, avant le soir…
On frappé. J’étais déjà installé devant ma soupière fumante ; et j’ai crié :
     _ Entrer ! mais refermez vite la porte : il fait froid !
C’est Barthélémy qui est entré. Tout d’abord je ne l’ai pas reconnu, tant il était emmitouflé dans son caban. Il en a secoué la neige, puis a tapé du pied deux ou trois fois pour nettoyer ses gros souliers à clous.
Il m’a dit :
      _ J’arrive à point ! Ta soupe embaume, j’ai faim et j’ai froid. Ça va me réchauffer. Mais quel temps !...
Je suis allé chercher une assiette, un verre, et nous avons mangé, en face l’un de l’autre. Lui, il tournait le dos au feu, et il a parlé tout en mangeant :
      _  J’ai eu peine à venir, depuis cette maudite gare, car avec ce temps, tu penses bien que je n’ai pas attelé ; la bête aurait pris froid, elle a les poumons sensibles… J’ai fait la route à pied depuis le train … Près de deux lieues et un bon matelas de neige sur la route ! … enfin ça y est, me voilà rendu : ton feu chauffe, il fait bon, et je suis content d’être là, Pascal !... Mais quel hiver !... On n’avait pas vu ça depuis cinquante ans …
     _ Tu as choisi un bien mauvais jour…
Il a souri :
    _ Non, Pascal ; c’était le meilleur…
    _ Que veux-tu dire ?
    _ Avec cette neige, ce froid, je m’imaginais bien que tu resterais tout seul devant ton feu, à regarder brûler les bûches. Alors j’ai fait le voyage…
  

                                                            Henri Bosco
                                                 Le mas Théotime (  Charlot, édit)

samedi 21 juillet 2012

دمعة صائم استقبال رمضان يا مسلمين