vendredi 27 avril 2012

Les petites vieilles

Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Ou tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales,
Des êtres singuliers, décrépits et charmants...

Ils rampent, flagellés par les bises iniques,
Frémissant au fracas roulant des omnibus,
Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,
Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus;

Ils trottent, tout pareils à des marionnettes,
Se traînent, comme font les animaux blessés,
Ou dansenet, sans vouloir danser, pauvres sonnettes
Ou se pend un Démon sans pitié! Tout cassés

Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille
Luisant comme ces trous, ou l'eau dort dans la nuit,
Ils ont les yeux divins de la petite fille
Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit....
  
                                                                              Charles Baudelaire

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