vendredi 27 avril 2012

Les petits loups


Trois petits loups dans un grand bois
(C’est un conte de ma grande mère)
Virent passer, avec son père,
Un petit garçon, une fois. 

Le premier loup dit : « Qu’il est rose ! »
Le second loup dit : « Qu’il est blanc ! »
Le troisième dit une chose
Que je ne redis qu’en tremblant …
Il voulait manger l’enfant rose,
Le petit garçon rose et blanc !
 Alors les loups, jeunes encore,
Prévinrent du fait leur maman,
Qui leur dit : «S’il est si charmant,
Rien n’empêche qu’on le dévore ! »
Les trois louveteaux, partant pour
Manger le petit enfant rose,
Arrivèrent ensemble autour
De la maison à porte close,
Ou le père, alors de retour,
Veille sur son fils qui repose.

 Mais, pendant que les petits loups
Par la nuit trottaient sur les routes,
Le père, l’oreille aux écoutes,
Avait bien fermé les verrous
Et le volet de sa chaumière.
Sous la porte on voit la lumière.
Voici donc les trois louveteaux,
Allongement au vent leurs museaux,
Flairant, tournant, faisant la guette,
Arrivés à la maisonnette.
Le père entend marcher encore…
Qui peut venir à pareille heure ?
«Trois petits chiens, dit-on._ D’abord,
Pour égayer l’enfant s’il pleure,
Et pour le bien lécher s’il dort. »
Mais ils ne voulaient autre chose
Que croquer l’enfant blanc et rose.
Le premier loup gratte au volet,
Qui ne s’ouvre d’aucune sorte.
Le second, en grattant la porte,
Reçoit un coup de pistolet.
Le troisième se prit au piège
Que la nuit il ne voyait pas,
Tant il était couvert de neige.
Un seul put fuir ce mauvais pas,
Et dans les forêts de l’Ariège
Il court encor pour son repas,
La louve est morte de misère…
Ajoutait aussi ma grande mère.
                                               Auguste de chatillon

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