Bathylle, dans la cour où glousse la
volaille
Sur l’écuelle penchée, souffle dans
une paille
L’eau savonneuse mousse et
bouillonne à grand bruit
Et déborde. L’enfant qui s’épuise
sans fruit
Sent venir à sa bouche une âcreté
saline.
Plus heureuse, une bulle à la fin se
dessine
Et, conduite avec art, s’allonge, de
distend
Et s’arrondit enfin en un globe
éclatant.
L’enfant souffle toujours, elle
s’accroît encore
Elle a les cent couleurs du prisme
et de l’aurore
Et reflète aux parois se son mince
cristal
Les arbres, la maison, la route et
le cheval…
Prête à se détacher, merveilleuse,
elle brille !
L’enfant retient son souffle, et
voici qu’elle oscille
Et monte doucement, vert pâle et
rose clair
Comme un frêle prodige étincelant
dans l’air
Elle monte… Et soudain, l’âme encore
éblouie
Bathylle cherche en vain sa gloire
évanouie…
Albert SAMAIN
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