Alfonse, le kiwi ampoule
Quand l’aspect physique devient essentiel, au point de mettre en danger sa
santé…
Alfonse, un kiwi, se veut plus beau, plus fort, plus vert que ses
congénères.
Pour ce faire, il entreprend une gymnastique assidue, et va même
jusqu’à avaler des pilules miracle !
Mais, les effets ne se font pas attendre
: Alfonse se met à briller la nuit !
Il était une fois un kiwi du nom
d’Alfonse, qui voulait être plus beau, plus fort, plus musclé que tous ses
congénères.
Pour ce faire, sur sa branche, il se mit à faire des exercices.
Il se balançait de gauche à droite, de haut en bas, alors que les autres kiwis
se laissaient tranquillement bercer au gré du vent.
Alfonse, lui, travaillait
son corps. Et les résultats ne tardèrent pas à apparaître. Alfonse devint un peu
plus épais, plus ferme que ses congénères.
Il se rengorgea, content de lui,
mais ne s’arrêta pas là. Il voulait aussi plus de couleur, avoir une couleur
verte plus intense, plus marquée que les autres.
Alors, il se renseigna, puis
commença à manger des vitamines. Il en avala encore et encore. Plus son vert
changeait, et plus il en prenait. Ce qui se passa ensuite fut des plus étranges.
Alfonse vira au vert de plus en plus sombre, mais aussi de plus en plus
brillant.
Et puis un jour, il devint complètement fluorescent, d’un vert qui
se voyait même la nuit !
C’était curieux de voir, le soir venu, cet halo de
lumière verdâtre, briller dans la nuit.
Et cela attira tous les insectes du
quartier. Alfonse se retrouvait ainsi chaque nuit, au milieu d’une nuée de
bourdonnements divers et variés, et de frottements d’ailes, qui tenaient
absolument à toucher la lumière. Et cela durait toute la nuit.
Quand les
premiers s’en allaient, fatigués, les autres arrivaient, zélés et
irrésistiblement attirés.
Rien à faire pour les décoller. Alfonse était
victime de son vert, attrayant la nuit.
Et son voisinage s’en plaignait
aussi. Plus moyen de dormir tranquille avec tout ce raffut !
-« Alfonse,
coupe ta lumière ! On ne peut pas dormir avec ce boucan d’enfer ! » geint
l’un.
-« Quelle plaie de partager l’arbre à kiwis avec toi ! Franchement, on
ne pouvait imaginer pire voisin que toi ! » grogna un autre.
-« Mais où est
l’endroit où tu es branché, que j’arrache la prise ? Y’en a assez de ta loupiote
foireuse ! » râla un troisième.
Mais Alfonse n’était pas branché. Cette
teinte fluorescente, c’était sa couleur normale, suite à son régime vitaminé. Le
pauvre kiwi était lui aussi bien embêté. C’était vrai que tous ces insectes qui
venaient la nuit, lui taper dans l’ampoule, commençaient à l’agacer plutôt
!
Là-dessus qui venaient se rajouter, les râleries des voisins, c’en était
trop !
Alfonse décida alors de tout arrêter. Tant pis, il allait redevenir
comme tout le monde, mais au moins, il aurait la paix !
Il cessa donc
d’avaler ses gélules formidables, et attendit. Quelques jours plus tard,
l’intensité de sa lampe diminua.
Bientôt, il ne resta plus qu’une faible
lueur, proche de s’éteindre. Puis, plus rien.
-« Aaaah ! » soufflèrent les
voisins, « ça fait du bien… ! »
Les insectes, en effet, ne venaient plus
roder spécialement dans le secteur, et le quartier avait retrouvé sa
tranquillité.
Alfonse respira, lui aussi. Cela faisait du bien de ne plus
être sous le feu des projecteurs, ou plutôt d’être le projecteur !
Il goûta
le calme revenu, avec délice. Finalement, cela avait du bon de passer inaperçu
et d’avoir l’air comme tous les autres.
Ainsi, Alfonse ne chercha plus à
cultiver sa différence par le physique, mais il s’évertua désormais à découvrir
petit à petit sa richesse intérieure, qui lui était propre.
Valérie Bonenfant
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