jeudi 19 avril 2012

Alafar, l’alphabet étranger


Alafar, l’alphabet étranger



L’histoire d’un alphabet différent que tous les enfants aimeraient apprendre à l’école…
Quelques exemples de lettres : Zimboum, Blops, Patatras, Quizz…, qui ne plaisent pas vraiment à nos élites !
Mais un petit garçon va faire le choix d’apprendre l’Alafar malgré tout, ce qui va lui ouvrir les portes d’une formidable aventure…

Alafar était un alphabet qui ne parlait pas la même langue que nous. Chez lui, pas de A, ni de B, encore moins de C. Rien que des drôles de lettres : des Zimboum, des Kache, des Blops…
Comment pouvait-on écrire ou lire avec un alphabet pareil ? C’était un mystère.
-« Pfiittt » ricanaient des érudits français, « l’Alafar est condamné à disparaître. C’est un alphabet inutilisable. »
-« Oui, d’ailleurs, personne ne le parle, ni ne le lit, ni ne l’écrit… » renchérit un savant.
-« Il ne sert à rien. » trancha un académicien auvergnat.
-« Zimboum, Patratas, Blops, Quizz… ! » protesta Alafar, « Gric, Fouch et Couloucoucouh… » ajouta l’alphabet étranger, en tournant les talons, d’un air déterminé.
-« Je crois qu’il s’est vexé » dit un étudiant en langues.
-« Oui, et même qu’on dirait qu’il est parti chercher des gens qui parlent son langage… » supposa un éminent professeur.
-« Hé bien, nous ne sommes pas prêts de le revoir, alors ! Imaginez la fourre de rire si un benêt se présentait en disant des Zimboum, Patatras… Il serait ridicule ! » pouffa un philosophe.
Papagaïe, un petit garçon, avait tout entendu. Décidément, les grandes personnes étaient vraiment décevantes. Pauvre Alafar, il l’aimait bien, lui, avec son alphabet de bande dessinée. Ce serait vraiment trop triste, s’il ne revenait pas… Apprendre les sempiternels A, B, C, D, E, F, G… Ah non, merci.
Lui, s’il pouvait choisir, ça serait Alafar, sans hésiter. D’ailleurs, puisqu’il le préférait, autant l’adopter tout de suite. Papagaïe apprendrait l’Alafar, un point c’est tout. Le petit garçon courut rattraper l’alphabet étranger.
-« Hey Alafar, attends-moi, je voudrais que tu m’apprennes ta langue. C’est la tienne que j’aime et que je veux étudier. S’il te plaît, donne-moi des cours ! » lui demanda-t-il.
Alafar, étonné, se retourna.
-« Quizz, Alambiqué, Bobon ? » questionna-t-il.
-« Oui, oui, s’il te plaît, ne me laisse pas tomber » gémit l’enfant, implorant.
-« Nimininini, Zimboum ! » dit joyeusement Alafar.
L’alphabet et le petit garçon se mirent alors au travail. Alafar était un alphabet compliqué. Papagaïe mit plusieurs années pour en maîtriser toutes les subtilités, tant en écriture, qu’en lecture ou en langage. D’ailleurs, ce qu’il préférait, c’était le parler. Il avait l’impression de chanter, ou mieux, de lire une bande dessinée, très animée. C’était autrement plus drôle que l’alphabet traditionnel.
-« Zimboum, Kler, Patatras ! » prenait-il plaisir à réciter, « j’adore ton alphabet, Alafar ! Mais dis-moi, à part moi, existe-t-il d’autres personnes qui parlent ta langue ? »
-« Nimininini, Blops, Bobon ! » confirma Alafar, « Quizz, Viendi, Alambiqué. »
Et l’alphabet partit en appelant Papagaïe, pour qu’il le suive. Ils cheminèrent des kilomètres durant, escaladèrent des montagnes, traversèrent des forêts, jusqu’à arriver à un immense plateau, où de grands signes étaient tracés au sol.
-« Rafifi, Blops, Zimboum » demanda Alafar.
-« D’accord, je ne bouge pas » dit Papagaïe.
Alafar poussa alors un grand cri dans sa langue, ce qui donna très fort :
-« Zourf, Fouch, Couloucoucouh ! »
En un éclair de seconde, une grande navette spatiale en forme d’assiette, descendit du ciel, et faucha Alafar et son élève.
-« Quizz, Bolon, Dalidada ! » entendit alors le garçonnet.
Incroyable, ce vaisseau était peuplé de petits êtres étranges, dotés d’yeux en forme de bananes, des antennes en guise d’oreilles et un cœur à la place de la bouche. Ils étaient tous ronds, comme des ballons, et rebondissaient en cadence.
-« Ce sont tes amis ! » dit Papagaïe, « s’il te plaît, dis-moi de quelle planète ils sont ! »
-« Alafar » répondit l’alphabet.
-« Alafar, comme ton nom… Je comprends tout ! Viens, allons voir les soi-disant intellectuels de la terre… Je sais qu’ils t’ont mal reçu, mais bon, ce n’est pas de leur faute : leur cerveau est un peu limité… »
-« Alambiqué, Nimininini, Rafifi ! » répondit l’alphabet.
-« Dommage ! Alors, nous attendrons… » dit, déçu, le garçonnet.
L’engin spatial déposa Papagaïe, discrètement, pas très loin de chez lui, et repartit dans le ciel.
-« Zourf, Fouch, Couloucoucouh ! Au revoir, à bientôt, j’espère… ! » dit Papagaïe, un peu triste, avant d’aller retrouver les « intelligences » de sa terre à lui. Bof, ce n’était pas brillant.
Alors, Papagaïe décida d’écrire, pour les enfants seulement, une bande dessinée qui raconterait l’histoire d’extraterrestres : les habitants d’Alafar, qui parlaient une drôle de langue.
Et, d’après vous, où a-t-il puisé son inspiration ?


                                                Valérie Bonenfant

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