samedi 24 septembre 2011
L'enfance
Nane chavem nane bacht.
Pas de bonheur sans enfants.
Proverbe rom
Les univers des enfants et des adultes n'étaient pas séparés. L'enfant aprenait chez les adultes et, étant entouré sans cesse de beaucoup de gens, il apprenait à nouer rapidement des contacts sociaux. Les adultes respectaient l'enfant et l'enfant respectait les adultes. Toute la grande famille veillait sur le comportement de l'enfant et un enfant bien élevé avait beaucoup de respect pour sa famille. Il se présentait toujours par la famille dont il était issu. Or, l'enfant apprenait en participant pleinement aux activités sociales dans la communauté et en imitant les personnes plus âgées. Il réalisait quel genre de comportement répondait à son âge. Depuis sa tendre enfance, l'enfant était formé aussi par ses grands-parents (souvent plus indulgents que sa mère).
Dans l'éducation, on tenait compte du sexe de l'enfant. Les garçons travaillaient en commun avec leurs pères, les filles avec leurs mères. Chaque enfant avait ses devoirs véritables. Le garçon apprenait le métier du père en l'aidant (par exemple dans la famille d'un forgeron, le fils procurait du vieux fer et s'occupait du soufflet de forge). La fille apprenait avant tout à devenir bonne épouse et future belle-fille. Elle aidait sa mère à s'occuper des garçons et soeurs plus jeunes, préparait des repas, vendait avec la mère des produits sur le marché, etc. Avant de se marier, la fille avait le droit de sortir uniquement quand elle était accompagnée de son père, de son frère ou de son futur mari
Après le mariage, elle quittait d'habitude sa maison pour rejoindre la famille de son mari où son éducation se poursuivait. D'abord, elle aidait sa belle-mère lors des travaux ménagers en essayant de ne pas déshonorer sa famille originaire. On demandait que la belle-mère soit "dzanel zuzipen" - donc aimant la propreté. La belle-mère apprenait à la belle-fille (bori) à préparer des repas auquels son fils était habitué. Avant la naissance d'un premier enfant, elle devait être toujours à la disposition de la belle-mère. Cette période pouvait être difficile pour la jeune "bori", mais dès qu'elle a fait ses preuves et accouché d'un enfant, elle était acceptée dans la famille de son mari à titre de membre de plein droit. Les enfants s'instruisait dans la famille pour leur avenir.
Hélas, les Roms n'attribuaient pas et n'attribuent toujours pas une grande valeur à l'éducation des "gadgé". Cela ne veut pourtant pas dire qu'ils ne veulent pas être sages. La sagesse est, traditionnellement, très appréciée dans la communauté rom, mais celle-ci est acquise et manifestée différemment de l'éducation traditionnelle qui est la nôtre. La sagesse est déléguée par des récits et des expériences des personnes âgées, sous forme d'histoires, de contes de fées, de mythes, de proverbes, d'anecdotes ou de devinettes. La richesse culturelle des Roms, leur sagesse, leurs expériences, normes éthiques et leur philosophie sont sauvegardées dans leurs récits. Le genre "suprême" de leurs récits, c'étaient les histoires héroïques, de courtes fables occasionnelles, pleines d'humours, des histoires d'épouvante, relatant des expériences avec des esprits des morts, éventuellement des histoires "licencieuses", interdites aux enfants
Dans la hiérarchie des valeurs des Roms, l'éducation scolaire est hélas nettement au-dessous de leur désir de gagner le maximum d'argent et, ainsi, d'être égaux aux gadgés. Si la majorité des Roms ne savent ni lire ni écrire correctement, ils savent par contre très bien calculer. C'est dû au fait que l'école ne respecte ni leur langue ni leurs conditions culturelles et sociales différentes. La plupart des parents n'arrivent pas à aider leurs enfants qui ont des problèmes à l'école, car ils ne maîtrisent pas, eux-mêmes, les matières enseignées.
L'une des raisons du retard des enfants roms à l'école réside dans la langue d'enseignement qui est différente de leur langue maternelle (la langue qu'ils parlent à la maison) et dans l'absence absolue des préparatifs préscolaires, comme c'est le cas des enfants non roms. Leur vocabulaire tchèque ne représente que la moitié de celui des autres enfants et, de surcroît, ils ont du mal à comprendre exactement la signification des mots. L'école telle qu'elle est n'arrive pas, le plus souvent, à éliminer ce handicap. Ainsi l'évolution de l'enfant qui, aussi intelligent soit-il, est envoyé dans une école spéciale, est ralenti. Le problème se reproduit dans les nouvelles générations.
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