mardi 27 septembre 2011

"La Vie sauvage des animaux domestiques" : à la redécouverte de nos bêtes familières

Voilà beau temps qu'on n'avait pas vu un film animalier qui nous épargne les grandes orgues de l'exploit cinématographique, de la surenchère exotique, du pompiérisme darwinien et du pathos écologique.

Rien de tout cela ici. Un casting familier (les animaux de la ferme et des bois), un modeste argument de fable (que font donc ces bêtes quand le fermier tombe malade ?), une philosophie irréprochable (hommes et bêtes à leur place et les vaches seront bien gardées).

Tout se passera donc dans la cour d'une ferme de la Bresse, une fois que l'ambulance aura emporté dès le plan d'ouverture un fermier grippé à l'hôpital (on ne le verra même pas, ce qui n'a aucune importance eu égard à la pure convention de la scène).

Abandonnées à eux-mêmes, du moins en théorie, ces sympathiques bêtes de nos contrées, plus ou moins familières, se mettent à vivre leur petite vie, qui vaut a priori autant - non mais des fois ! -, que celle des pingouins de la banquise ou des poissons des lointaines profondeurs.

Un couple de cochons, une jument, une poule noire, un chat, des poissons rouges, quelques vaches, des perdrix, des dindons, un renard qui rôde, un sanglier qui fouine, une cigogne qui passe, figurent parmi les nombreux héros de cette modeste épopée.

Un commentaire avec ce qu'il faut de distanciation familière et d'humour, un point de vue à la fois ludique et pédagogique qui ne se hausse pas du col, une prise de vue attentive et patiente, une mise en scène qui a l'honnêteté de s'avouer comme telle : cela fait amplement l'affaire et suffit à notre bonheur.

Certains puristes reprocheront peut-être à cette méta-fiction animalière de se faire passer pour un documentaire : qu'importe. La joie est là, l'étrangeté aussi, et l'utopie revendiquée d'un point de vue sur le monde qui passerait par le regard d'animaux provisoirement libérés de l'asservissement où nous les tenons.

Un film avec des animaux, préservant le mystère de leur présence à nos côtés, plutôt que sur des animaux, purs prétextes à la maîtrise idéologique et imaginaire du récit. Un film qui est du coup, toutes choses égales par ailleurs, au documentaire animalier ce qu'Etre et avoir de Nicolas Philibert est au document sur l'éducation.

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