dimanche 14 février 2010
Les Scorpions :des animaux de bonne compagnie?
Présent dans la mythologie gréco-romaine où il affronte le chasseur Orion, ou encore associé aux sortilèges dans certaines régions d’Afrique, le scorpion, animal réputé dangereux, a de tout temps inspiré la crainte des voyageurs. Pourtant sur les 1500 espèces recensées dans le monde, seulement 20 seraient mortelles pour l’homme.
En France les 5 espèces rencontrées sont inoffensives et même la piqûre de Buthus occitanus qui sur le reste du pourtour méditerranéen est à considérer avec prudence, est dans le sud de la France, sans conséquence grave.
Le vrai danger provient surtout des espèces rencontrées lors de voyages en zones inter et sub tropicales ou encore d’espèces importées comme animal de compagnie et vivant dans un terrarium tout près de chez vous.
Présentation
Les scorpions font leur apparition il y a 450 millions d’années (Silurien). A cette époque, ils sont aquatiques ou du moins amphibies, munies de branchies et d’yeux latéraux.
Le PTERYGOTUS ou scorpion de mer, était un arthropode marin d’environ 2 mètres de long
Description
Le scorpion est un arachnide. Il existerait plus de 1500 espèces recensées dans le monde réparties en 9 familles. La famille comprenant les individus les plus dangereux est celle des Buthidae. Si tous les scorpions sont venimeux, seule une vingtaine d’espèces seraient mortelles pour l’homme.
Le scorpion est un animal particulièrement résistant que ce soit au froid, au chaud, au jeun ou même aux radiations. On peut le rencontrer dans des endroits aussi différents que le désert, la savane, les arbres de la forêt tropicale, les rochers des bords de côtes, les cavernes ou encore les sommets enneigés.
Cependant il supporte mal la captivité et certaines espèces sont en danger d’extinction à cause de la destruction de leur habitat. C’est le cas de Pandinus Imperator, Pandinus Dictator, Pandinus Gambiensis protégés par la convention de Washington mais aussi de Didymocentrus lesueuri, Heterometrus spinifer et Hadogenes troglodytes.
Le scorpion a une activité essentiellement nocturne et se nourrit uniquement de proies vivantes qu’il paralyse à l’aide de son venin. La croissance se fait par des mues successives et sa durée de vie est de 2 à 8 ans. Les petits du scorpions, appelés « pullus », sont au nombre de 1 à 140 en fonction des espèces.
Sa taille varie entre 1,2cm et 25cm (Pandinus Imperator)
Pandinus Imperator – scorpion le plus fréquemment rencontré en captivité
D’un point de vue anatomique le scorpion est constitué de trois parties : la tête collée au thorax (prosoma) formée d’une carapace avec deux paires d’yeux, l’abdomen (mesosoma) formé de 7 plaques et la queue (metasomia) formées de 5 anneaux dont le dernier porte une vésicule à venin appelé « Telson »
A l’avant les pinces sont appelées « chelicères » et les pièces buccales « pédipalpes ». Le scorpion à 4 paires de pattes tout comme les araignées.
Les familles qui composent l'ordre sont : les Buthidae, les Scorpionidae, les Vaejovidae, les Diplocentridae, les Chactidae, les Iuridae, les Bothriuridae et les Chaeulidae
En France il y a un représentant de la famille des Buthidae (Buthus Occitanus) et 4 représentant des Chactidae (Euscorpius flavicaudis, Euscorpius carpathicus, Euscorpius Italicus et Belisarius Xambeni).
On les considère généralement comme inoffensifs pour l’homme et en tout cas ne pouvant entraîner la mort. Le seul dont la piqûre est à considérer avec prudence est le Buthus occitanus mais d’après la littérature seulement pour les spécimens rencontré hors Europe, en particulier la sous espèce Buthus occitanus tuneatanus. Le scorpion le plus fréquemment rencontré en France est Euscorpius flavicaudis.
Venin et facteurs de gravité
Le venin du scorpion a une action paralysante: il agit comme un poison pour le nerf.
La gravité de l’intoxication est fonction :
- de la famille et de l’espèce.
· la famille la plus dangereuse est celle des Buthidae
· les espèces les plus dangereuses sont :
- le Centroides suffusus (Mexique)
- le Tityus serrulatus (Brésil)
- le Leiurus quinquestriatus (Afrique du nord)
- le Buthus tamalus (Inde)
Sont aussi signalés
Au Mexique et aux U.S.A. : Centroides limpidus, C. noxius, C. infamatus, C. vittatus, C. sculpturatus, C. exilicauda
Au Brésil, Argentine et Trinidad : Tityus bahiensis, T. trinitatis
Au Maghreb : Androctonus australis, A. bicolor aenas, A. crassicauda, A. mauretanicus
En Tunisie : Buthus occitanus tunetanus.
- de la taille du scorpion : si la taille est inférieure à 2 cm le venin est peu actif chez l’homme.
- de la localisation de la piqûre : l’envenimation est plus grave si le venin passe directement dans le sang par une artère ou une veine.
- de l’âge de la victime : la gravité est plus importante chez l’enfant de moins de 12 ans. La mortalité est particulièrement importante chez les enfants de moins de 6 ans.
Les personnes de plus de 70 ans sont plus sensibles également aux piqûres
- de la saison, la piqûre est plus redoutable en saison chaude.
Symptomatologie et traitement
Les signes qui apparaissent en cas de piqûre de scorpion sont classés en 4 stades approximatifs qui vont renseigner sur la conduite à tenir.
Grade 0 : Piqûre blanche.
Grade 1 : manifestations locales isolées et simples.
Grade 2 : manifestations cliniques générales ne mettant pas en jeu la vie de la personne mordue avec cependant un risque d'évolution vers un grade 3 dans 10 à 20% des cas .
Grade 4 : Manifestations cliniques mettant en jeu la vie de la personne mordue.
L’évolution se fait sur le mode du tout ou rien. Dans la majorité des cas la guérison est sans séquelle.
Passées les 24 premières heures, le risque mortel n’existe plus.
Par contre dans environ 0,15% à 0,2% des cas, malgré le traitement, la mort survient dans les 6 à 15 premières heures. Sans traitement ce pourcentage est multiplié par 5 à 10 et dans certains pays comme le Niger, il est rapporté que la mort après piqûre de scorpion ou « scorpionisme » survient dans 18% des cas chez l’adulte et jusqu’à 32% des cas chez l’enfant.
Le traitement est généralement symptomatique (immobilisation, glace pour la douleur, médicaments luttant contre la douleur et le gonflement (antalgiques, anti-oedêmateux)) pour les cas peu sévères ( grade 0 et 1 ) mais nécessite une hospitalisation en soins intensifs pour les cas les plus graves ( grade 2 et 3 ).
Le sérum n'est plus administré systématiquement . L’efficacité du sérum décroît en effet si l’injection est faite dans un délai supérieur à une heure après la piqûre du scorpion. D’autre part ces sérums sont spécifiques pour chaque espèce et en France, l’institut pasteur ne fournit pas de sérum d’espèces étrangères.
Expérience du centre antipoison de Lille.
Depuis 1995 le centre antipoison de Lille a recueilli 8 cas de piqûres par des scorpions soit un à 2 cas par an. Dans 6 cas sur 8, les piqûres ont eu lieu en dehors de la région Nord, il s’agissait en effet de voyageurs originaires du Nord mais en déplacement dans le sud de la France (Alpes, Avignon) et à l’étranger (Zaïre, Bénin, Grèce, Maroc).
Les piqûres survenues dans la région Nord ont été enregistrées pour l’une chez un employé déchargeant des kiwis d’origine française et pour l’autre chez un particulier détenteur d’un scorpion originaire du Gabon. Dans tous les cas le nom du scorpion était inconnu.
Dans 3 cas sur 8 la piqûre fut asymptomatique tandis que pour les autres cas on observait douleur, rougeur et gonflement local c’est à dire des symptômes de stade I. Dans tous les cas il y a eu guérison sans séquelles.
Les piqûres de scorpions surviennent de façon généralement accidentelle chez les voyageurs en déplacement dans les régions où habitent les scorpions. (voir carte)
- par imprudence (soulever une pierre, mettre sa main dans une anfractuosité, marcher pieds nus)
- par accident (scorpion caché dans chaussure ou sac de couchage)
D’autres accidents surviennent maintenant dans notre région chez des collectionneurs.
Il s’agit dans ce cas de mauvaises manipulations de l’animal.
Conseils de prévention
En voyage dans les pays à risque.
- porter des chaussures montantes
- éviter de manipuler ou de soulever des pierres
- éviter de mettre sa main dans des anfractuosités
- vérifier chaussures et literies
En France pour les animaux élevés en aquarium
- s’assurer de l’espèce possédée, demander au vendeur toutes les caractéristiques de l’animal
- ne jamais offrir un scorpion
- ne jamais autoriser un enfant à posséder un scorpion
- problème lié au sérum. Attention : l’institut pasteur français ne produit pas de sérum pour les espèces de scorpions exotiques.
- informer le centre antipoison le plus proche de la possession d’animaux dangereux
- postuler pour un certificat de capacités.
- mettre en place des mesures de protection de l’animal pour éviter sa fuite.
- éviter quoiqu’il arrive de manipuler l’animal
- en cas de manipulations, portez gants épais et vêtements couvrants.
En cas de piqûres
- garder son calme.
- ne pas faire de garrot.
- ne pas faire d’aspiration à la bouche.
- immobilisez la région piquée.
- appliquez de la glace pour lutter contre la douleur.
- appelez le centre antipoison le plus proche
- essayez si c’est possible d’identifier le scorpion mis en cause
Conclusion
Le scorpion est un animal venimeux et à ce titre toute piqûre doit être considérée avec prudence même si a priori les espèces françaises sont sans danger. La réputation d’animal mortel provient surtout de récits de voyages et de certaines statistiques du continent africain où le scorpionisme est un réel problème de santé publique.
En France les espèces rencontrées dans la nature sont inoffensives et la conduite à tenir devant un accident se veut rassurante. L’arrivé non contrôlée de scorpions tropicaux dangereux pourrait bien changer la donne dans les années à venir et entraîner des cas graves de piqûres accidentelles pour lesquels la prise en charge poserait de réels problèmes (pas de sérum disponible, peu de formation des médecins français).
L’acquisition d’un scorpion, comme pour tous les autres animaux dangereux doit donc être réservé à des personnes passionnées et responsables, conscientes des risques qu’elles encourent, ayant mis en place de nombreuses mesures de préventions et préparées à l’envenimation si l’accident survient à cause de leur animal de compagnie.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire